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  • : Ce blog présente les articles et ouvrages d'un enseignant-chercheur en Droit public. Il fournit également des références bibliographiques concernant différents domaines juridiques.
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6 mai 2025 2 06 /05 /mai /2025 07:38

 

« La campagne électorale de Joe Biden dans Animal Crossing », in le Contentieux du jeu vidéo, sous la direction de Geoffray Brunaux, Mare et Martin, 2021, p. 133-150.

À la fin du mois d’octobre dernier, les amateurs de jeu vidéo découvrent l’improbable Unpresidential. Lancé par la firme Bright, ce jeu de combat propose d’incarner Donald Trump ou Joe Biden dans un match de boxe qui se déroule dans les jardins de la Maison-Blanche. Assumant un côté satirique, cet ovni joue sur les slogans de campagne, les oppositions évidentes et les caricatures[1]. La politique peut-elle servir de fondement à un jeu vidéo ? La question renvoie à une dimension technologique qui incite à s’interroger sur le contenu des jeux vidéo et sur les aventures offertes à leurs amateurs. Mais nous sommes loin d’avoir épuisé le sujet du rapprochement entre politique et jeu vidéo.

Le 2 septembre 2020, la campagne de Joe Biden pour la présidence des États-Unis prend un tournant inattendu en faisant du jeu vidéo Animal Crossing/New Horizons un outil de communication. Il s’agit ni plus ni moins d’intégrer dans le jeu lui-même des références à la réalité, plus particulièrement ici des slogans du candidat démocrate et même une description de son programme.

Sommes-nous dans l’anecdote ? La réalité est toute autre comme le démontre une analyse plus générale de l’utilisation des nouvelles technologies et des nouvelles pratiques en matière politique. Les États-Unis se trouvent en première ligne en raison de leur recours au jeu vidéo dans le cadre des campagnes présidentielles en particulier. Derrière ce nouveau moyen, se trouvent tout à la fois des questions politiques et juridiques. En effet, politiquement, cette pratique récente incite à approfondir le rapport entre la communication politique et le jeu vidéo comme outil (I). Juridiquement, la thématique change de visage puisqu’on constate une difficulté réelle à s’emparer de ces nouveaux moyens pour les sécuriser et les encadrer en assurant ainsi leur bonne intégration dans le monde politique moderne (II).

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6 mai 2025 2 06 /05 /mai /2025 07:31

« Dystopie, droit et bande dessinée, le Piège diabolique de Jacobs », in Les Dystopies et le droit, sous la direction d’Emilie Gicquiaud, Mare et Martin, 2022, p. 301-312.

 

Revisitant le voyage dans le temps, le dessinateur belge Edgar P. Jacobs nous offre avec Le Piège diabolique une occasion de nous plonger dans une dystopie.

La première planche est publiée dans le Journal Tintin le 22 septembre 1960. Achevée le 21 novembre 1961, la bande dessinée sort sous la forme d’un album en septembre 1962. Il s’agit du sixième volume des Aventures de Blake et Mortimer.

C’est au tournant de la Seconde Guerre mondiale que Jacobs abandonne une première carrière d’artiste – son rêve était de devenir baryton – pour intégrer le monde alors très décrié de la bande dessinée[1]. Après une première collaboration dans un magazine, Bravo !, et la création d’une œuvre d’anticipation, Le Rayon U, le dessinateur commence à travailler avec Hergé sur la modernisation des anciens albums de Tintin, puis sur les scénarii de nouvelles histoires. Il apprend à manier les outils de cette profession, les récitatifs (des phrases placées en haut des cases pour fixer la temporalité ou rappeler l’action), les phylactères (autre nom des bulles) ou encore les cases dont l’organisation obéit à des règles précises.

La fin de la guerre est synonyme de déstabilisation pour Hergé. Poursuivi en raison de son travail au sein d’un journal fidèle aux Allemands, il ne doit son salut qu’à l’intervention d’un résistant, Raymond Leblanc, passionné par Tintin, qui souhaite créer un journal à destination des plus jeunes. Constituant une équipe, Hergé se tourne vers son assistant, Jacobs, pour lui proposer d’intervenir, d’abord en illustrant La Guerre des mondes d’H.G. Wells, ensuite en créant sa propre histoire, une intrigue contemporaine imaginant une troisième guerre mondiale, Le Secret de l’espadon. C’est la naissance de Blake et Mortimer.

Dans les années qui suivent, les histoires se succèdent dans les colonnes du Journal Tintin, Le Mystère de la grande pyramide entre mars 1950 et mai 1952, La Marque jaune entre août 1953 et novembre 1954, L’Enigme de l’Atlantide, entre octobre 1955 et décembre 1956, et S.O.S. Météores entre janvier 1958 et avril 1959.

Suite de S.O.S. Météores, Le Piège diabolique reprend l’un de ses personnages, un scientifique dévoyé, créateur d’une machine qui perturbait la météo, Miloch. Ce savant, travaillant pour l’Europe de l’Est dans le but de préparer une invasion, est gravement irradié à la fin de l’aventure. Le Piège diabolique commence avec l’annonce de son décès et de son héritage : il laisse à Mortimer une maison située à la Roche-Guyon et sa dernière invention… Le savant écossais décide de se rendre seul dans cette demeure. Dans les caves, il découvre une machine à voyager dans le temps et se lance dans un périple à travers les siècles. Après plusieurs péripéties, liées au fait que Miloch a saboté la machine pour rendre les bonds dans le temps aléatoires, espérant se venger de Mortimer, celui-ci parvient à revenir à son époque, faisant exploser au passage le dernier piège de son adversaire qui avait miné son laboratoire.

Le Piège diabolique est un album singulier. Il se distingue des autres aventures de Blake et Mortimer, en premier lieu, par son thème, le voyage dans le temps ; nous sommes loin du réalisme revendiqué par Jacobs lors de ses débuts dans Tintin. Il est particulier, en second lieu, en raison de l’isolement de Mortimer ; dans cette histoire, le capitaine Francis Blake s’efface complètement pour laisser son acolyte seul en scène. Enfin, la construction de l’histoire détonne puisqu’il n’y a pas une intrigue mais trois, la première se déroule durant la Préhistoire, Mortimer se retrouvant en face-à-face avec des dinosaures, la deuxième au cœur du Moyen Âge et la troisième dans un LIe siècle imaginaire…

La description de cet avenir, plutôt atroce dans ses détails, appartient au domaine des dystopies, ces récits fictionnels qui reposent sur un monde utopique sombre et décalé. Le scénario en reprend les clés en donnant à voir au lecteur les conséquences extrêmes des actions humaines en matière juridique et politique (I). Mais ce scénario est au service d’une bande dessinée, d’une mise en images. La technique, les choix de formes et de couleurs ainsi que la construction inscrivent cette dystopie dans une perspective permettant de lier droit et bande dessinée (II).

 

[1] Pour une biographie de Jacobs, on peut consulter François Rivière, Benoît Mouchart, La Damnation d'Edgar P. Jacobs, Le Seuil, 2003, 335 p. Les études de l’œuvre sont nombreuses ; on signalera Claude Le Gallo, Daniel Van Kerckove, Le Monde d'Edgard P. Jacobs, Le Lombard, 2004, 176 p.; Pierre Fresnault-Deruelle, Edgar P. Jacobs ou l'image inquiétée, PU François Rabelais, 1er édition 2017, 251 p.; Michel Claessens, Liam Fauchard, Edgard P. Jacobs ou le Futur Immédiat, Les Acteurs du savoir, 2019, 176 p. et notre ouvrage, Edgar P. Jacobs et les dess(e)ins du droit, la justice éclairée par Blake et Mortimer, Mare et Martin, 2021, 250 p.

 

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6 mai 2025 2 06 /05 /mai /2025 07:30

« John Greville Agard Pocock, de l’humanisme civique à la théorie du droit », in Maîtres à Penser, sous la direction de F. Laffaille, Mare et Martin, 2023, p. 101-126

 

Depuis quelques années, j’ai le plaisir et le privilège de faire partie des contributeurs du Bulletin Annuel de Villetaneuse. À l’initiative du coordinateur de cette publication, le professeur Franck Laffaille, l’occasion m’a été donnée d’écrire sur la discrimination, la violence, l’argent ou encore le concept de crise. Les sujets sont autant de portes ouvertes pour tout juriste ou politiste avide de parcourir des chemins avec un regard inédit. Pour ce nouveau numéro, la thématique – les maîtres à penser – m’a entraîné sur des routes inattendues. Réfléchissant sur la voie que j’avais envie d’emprunter, j’ai d’abord choisi d’écarter un nom, un penseur français du XIXe siècle, auquel j’ai déjà consacré un certain nombre de travaux… Et puis, assez rapidement, un autre nom a surgi. Grâce à cette initiative, c’est donc un voyage dans le temps, dans l’histoire et dans la pensée politique que je vous invite à faire avec moi.

Parce que tout universitaire a commencé par être étudiant, et je n’échappe pas à cette règle, les travaux que nous sommes amenés à réaliser ont parfois d’étonnantes résonances avec notre passé. Coïncidence ou non, c’est aussi le passé qui intervient comme clé dans nombre de mes réflexions et de mes recherches. Alors que je commençais ma cinquième année de droit, à l’époque où on appelait encore cette année un diplôme d’études approfondies, mon intérêt se tourna vers un penseur français du XIXe, Alexis de Tocqueville, et vers un mouvement d’histoire des idées politiques, l’humanisme civique, marqué par un maître à penser, un professeur américain, d’origine néo-zélandaise, John Greville Agard Pocock. Cette double rencontre a eu des influences durables sur ma manière de travailler, de concevoir la réflexion juridique et a généré des questions méthodologiques centrales.

John Pocock est né à Londres, le 7 mars 1924. Le départ de sa famille pour la Nouvelle-Zélande, moins de trois ans plus tard, motivé par la nomination de son père, Greville Pocock, comme professeur de lettres classiques au Canterbury College lui vaudra de passer une bonne partie de son enfance dans cet autre pays du Commonwealth. Revenu en Angleterre pour y passer ses diplômes, principalement à Cambridge, il repart pour la Nouvelle-Zélande et enseigne d’abord dans le même établissement entre 1946 et 1948, ensuite à l’université d’Otago, entre 1953 et 1955. Après avoir dirigé le département de science politique de l’université de Canterbury, il part pour les États-Unis en 1966 où il intègre l’université Washington, à Saint-Louis, dans le Missouri. En 1975, c’est l’université John Hopkins de Baltimore qui l’accueille. Dès son premier ouvrage, The Ancient Constitution and the Feudal Law[1], il adopte un principe, l’analyse des œuvres des principaux penseurs en revenant sur le contexte historique et sur les aspects juridiques les plus importants. Pourtant, il faut attendre 1975 et Le Moment machiavélien[2] pour constater un changement de perspective, la philosophie et la théologie remplaçant le droit et la politique dans son objet d’étude. Il poursuit par des travaux plus littéraires, sur l’historien britannique Edward Gibbon en particulier.

Voici donc un historien, spécialiste des idées politiques, passionné par des périodes très précises, fasciné par des auteurs et par la recherche d’une forme de continuité. Tel est le maître à penser qui a contribué à nourrir dans ma réflexion une curiosité, mais aussi et surtout un regard sur la connaissance. Pocock c’est d’abord le porte-parole d’un mouvement d’idées, l’humanisme civique, qui rapidement fut intégré dans l’histoire des idées politiques, en devenant tout à la fois une référence et une perspective (I). Mais Pocock c’est aussi un regard critique sur le droit, sur sa place dans notre société moderne, que l’on qualifie encore souvent d’occidentale, épithète qui renvoie surtout à une histoire tout à la fois antique et récente, marquée par l’Italie, l’Angleterre et l’Amérique, avant une explosion française avec toutes ses conséquences. La relecture effectuée par cet auteur offre l’occasion de casser des codes, de franchir des frontières pour mieux revenir dans la discipline juridique en en soulignant ses questions, ses contraintes et sa richesse (II).

 

[1] John Greville Agard Pocock, The Ancient Constitution and the Feudal Law: A Study of English Historical Thought in the Seventeenth Century, Norton, 1967, 271 p. (L'ancienne constitution et le droit féodal: étude de la pensée historique dans l'Angleterre du XVIIe siècle, Presses universitaires de France, 2000, 468 p.)

[2] John Greville Agard Pocock, The Machiavellian Moment : Florentine Political Thought and the Atlantic Republican Tradition, Princeton University Press, 1975, 602 p. (Le Moment machiavélien : la pensée politique florentine et la tradition républicaine atlantique, Presses universitaires de France, 1997, 586 p.)

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6 mai 2025 2 06 /05 /mai /2025 07:23

« Il y a un juriste à Champignac, l’interprétation en droit et en bande dessinée » in Droit(s) et Bande dessinée, sous la direction de Géraldine Goffaut Callebaut, Mare et Martin, 2024, p. 223-250

 

premières lignes

 

Spirou, Tintin, Astérix, Mickey, qu’il s’agisse d’un petit groom habillé en rouge, d’un gamin reporter, d’un gaulois amateur de potion magique ou encore d’une souris qui parle, tous ces héros de bande dessinée font figure de classiques en raison de leur notoriété et de leur résistance au temps qui passe. Considéré comme un moyen pour s’initier à la lecture, pour les uns, décrié pendant de nombreuses années en raison de sa prétendue influence pernicieuse sur les enfants, pour les autres, le neuvième art a connu une évolution majeure à partir des années 1960. Les créateurs de bande dessinée ont ainsi vu leur travail être reconnu à part entière comme une discipline artistique, avec ses règles, ses grands maîtres et même ses écoles, comme celles de Bruxelles et de Marcinelle, pour ne citer que ces deux exemples belges.

Dans cette perspective, le droit a déjà toute sa place. Il faut protéger les auteurs, poser parfois la question de l’origine de l’œuvre entre le scénariste et le dessinateur ou s’interroger sur le devenir d’un héros (on pense à la succession d’Hergé en particulier).

Cependant, se cantonner à cette seule dimension serait une erreur au regard de la richesse de cet art et du dialogue potentiel avec la matière juridique.

Mettre en relation deux disciplines comme le droit et une matière culturelle n’est plus réservé aujourd’hui à quelques pionniers. Plus d’un siècle après les travaux de John Henry Wigmore, le père du mouvement « droit et littérature », les recherches interdisciplinaires ne cessent de se multiplier. Les colloques, les ouvrages communs et les monographies nous apportent un regard renouvelé sur les implications juridiques en littérature, au cinéma et même à la télévision.

En investissant un nouveau terrain, les juristes ne cherchent pas seulement à vulgariser l’usage du droit.

Certes, au départ, le mouvement « droit et littérature », ambitionnait de rechercher du droit dans la littérature, en y trouvant une illustration des professions juridiques ou de certains points de droit, une représentation des procès ou une description de procédures judiciaires, le droit apparaissant comme un élément de contexte.

Néanmoins, ce premier but n’épuise pas la matière. Comme le mouvement « droit et littérature », le rapprochement entre droit et culture a connu un second volet qui s’interroge sur l’apport d’une étude comparative à la théorisation juridique. Certains héritiers ultérieurs de Wigmore ont questionné la relation entre intention de l’auteur et réception par le lecteur, à l’aune du fonctionnement du droit, ou ont recherché dans les techniques propres à chaque art des parallèles avec le raisonnement juridique.

À ce titre, il est utile de revenir, dans un premier temps, sur les enseignements juridiques que nous apportent les différentes lectures d’une bande dessinée et le symbolisme propre à cet art (I).

Dans un second temps, le parallèle entre les deux disciplines conduit à étudier la construction d’une bande dessinée pour en tirer une interprétation juridique (II).

 

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6 mai 2025 2 06 /05 /mai /2025 07:21

« Le Procès du singe en 1925, la victoire des créationnistes sur Darwin », in L’Injustice, sous la direction de F. Laffaille, Mare et Martin, 2024, p. 57-84

premières lignes

 

 

Le 21 juillet 1925, le juge John T. Raulston prononce la condamnation de John Thomas Scopes au nom de l’État du Tennessee pour avoir violé une loi fédérée interdisant d’enseigner la théorie de l’évolution.

La décision rendue ce jour-là inscrit donc dans la jurisprudence une consécration du créationnisme en validant l’idée que l’homme est une création divine, comme l’enseigne la Bible.

Près d’un siècle plus tard, une telle décision trouve encore une certaine résonance dans la société américaine. De fait, au-delà du débat initial et de son contexte, il est indispensable de rappeler la persistance d’un fort courant créationniste aux États-Unis, y compris de nos jours.

Ceci n’en rend que plus intéressant un retour en arrière pour examiner ce procès étonnant, que l’on a rapidement surnommé « le procès du singe » et qui se tient devant le grand jury du Tennessee, durant l’été 1925.

Tout d’abord, pour en comprendre les principales étapes, et même le résultat, il est nécessaire de revenir sur le procès lui-même, c’est-à-dire sur son déroulement de manière générale et sur son issue. Les débats voient s’affronter deux personnalités aussi célèbres que centrales dans le monde politique et judiciaire. William Jennings Bryan[1], qui parle au nom des créationnistes, est un membre bien connu du parti démocrate. Il a été candidat à l’élection présidentielle, représentant du Nebraska, et même secrétaire d’État des États-Unis. Symboliquement, il reste attaché à ce procès puisqu’il meurt cinq jours après le rendu du jugement… Clarence Darrow[2], qui défend Scopes, est un avocat qui s’est rendu célèbre dans plusieurs causes dans les années précédentes. Ce membre de l’union américaine pour les libertés civiles a défendu à plusieurs reprises des syndicalistes dans des procès médiatisés. En 1925, son nom est familier du grand public en raison de son intervention dans le procès Loeb Leopold, qui concernait le meurtre d’un adolescent par deux jeunes hommes. Darrow, grâce à sa plaidoirie, avait pu leur éviter la condamnation à mort.

Ensuite, parce qu’il s’agit aussi et surtout d’une décision symbolique, nous poursuivrons notre étude par une analyse plus générale des positions toujours vivaces au sein de la société américaine sur cette question. Le procès du singe n’est pas une parenthèse dans l’histoire américaine. Il a eu de nombreuses répercussions et a même donné lieu à deux répétitions, avec des issues totalement différentes.

 

 

 

[1] David D. Anderson, William Jennings Bryan, Twayne Publishers, 1981, 210 p.; Robert W. Cherny, A Righteous Cause: The Life of William Jennings Bryan, University of Oklahoma Press, 1994, 225 p.

[2] John A. Farrell, Clarence Darrow: Attorney for the Damned, Knopf Doubleday Publishing Group, 2012, 592 p.; Richard J. Jensen, Clarence Darrow : the creation of an American myth, Greenwood Press, 1992, 328 p. ; James Edward Sayer, Clarence Darrow: Public Advocate, Wright State University, 1978, 112 p.

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6 mai 2025 2 06 /05 /mai /2025 07:15

à voir l'ouvrage de Mathieu Perrin sur le cinéma et le droit

J'ai eu le plaisir de rédiger la fiche concernant le Procès Paradine d'Alfred Hitchcock...

https://www.mareetmartin.com/livre/100-films-a-voir-ou-a-revoir-lorsque-lon-est-juriste

 

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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 13:08

article paru dans Âge d'or et décadence, sous la direction du Professeur Franck Laffaille, Mare et Martin, 2025

 

premières lignes

 

L’âge d’or désigne un mythe qui nous renvoie aux anciennes traditions grecques et romaines. Dans l’évolution de l’humanité, les mythologies antiques évoquent un âge d’argent, un âge d’airain et un âge de fer, auxquels on ajoute l’âge d’or, censé apparaître juste après la création de l’homme. Cette dimension mythique est largement illustrée par la définition de cette époque[1], un temps où règne la justice, synonyme d’une époque d’abondance et de bonheur et d’une période d’innocence. Les hommes sont censés vivre presque éternellement et mourir sans souffrance.

Comme souvent, les mythes antiques ont nourri l’imaginaire des siècles suivants. Cet âge d’or est devenu synonyme d’un passé prospère et mythique, une époque révolue dont on se souvient avec d’autant plus de nostalgie qu’il est impossible de la faire revivre.

En 1873, deux écrivains américains, Mark Twain[2] et Charles Dudley Warner travaillent ensemble pour rédiger un roman intitulé the Gilded Age : a Tale of Today[3]. Son intrigue se déroule dans l’époque contemporaine, c’est-à-dire l’Amérique du milieu des années 1870. Le terme Gilded Age[4] est resté pour désigner cette période qui se caractérise par une prospérité économique majeure, un développement industriel sans précédent et une profonde transformation des États-Unis avec, non seulement la naissance de grands groupes industriels, mais aussi et surtout des modifications majeures de l’organisation territoriale.

Et pourtant… Quand on revient aux termes utilisés dans cet intitulé, on ne peut que se demander si la dimension mythique n’a pas été étonnamment décalée. De fait, le livre s’intitule the Gilded Age et non the Golden Age. Autrement dit, le roman fait référence non pas à un âge d’or mais à un âge doré, au sens d’un placage en or sur un métal sans valeur…

Dans ces conditions, l’âge doré décrit par Mark Twain change totalement de tonalité. Derrière la prospérité apparente, les États-Unis sont en réalité au cœur d’une époque dramatique, assez triste et plutôt sombre, selon les auteurs. Les apparences sont trompeuses. La réalité est faite de corruption, de pauvreté, d’illusion, ce que le roman décrit avec précision.

Pour un juriste, ce jeu avec les mots attire immédiatement l’attention. Car, et c’est un fait reconnu, cette période, qui s’étend entre la guerre civile et le début du XXe siècle, est bel et bien considérée comme un moment de très grande prospérité, moment essentiel pour le développement des États-Unis modernes.

À cet égard, il est très instructif de revenir sur l’apparence – la prospérité économique et l’évolution sociale et politique – pour mieux en comprendre les hypocrisies et les contradictions. Pour cela, l’utilisation du prisme juridique est singulièrement pertinente. De fait, si, en apparence, nous avons affaire à un âge d’or en matière économique et industrielle (I), c’est une tout autre réalité sociale et politique qui apparaît, lorsqu’on s’intéresse aux conséquences de cette expansion économique sans contrôle (II).

 

[1] On fait référence à Hésiode comme étant le promoteur de cette expression ; G. Minois, L'Âge d'or : Histoire de la poursuite du bonheur, Fayard, 2009, 552 p.

[2] E. Emerson, Mark Twain, A Literary Life, University of Pennsylvania Press, 2017, 416 p., R. Powers, Mark Twain: A Life, Free Press, 2006, 736 p.

[3] M. Twain: The Gilded Age and Later Novels : The Gilded Age / The American Claimant / Tom Sawyer Abroad / Tom Sawyer, Detective / no 44, The Mysterious Stranger, Library of America, 2002, 1053 p.

[4] Ch. W. Calhoun, The Gilded Age: Perspectives on the Origins of Modern America, Rowman & Littlefield, 2007, 391 p.; S. D. Cashman, America in the Gilded Age: From the Death of Lincoln to the Rise of Theodore Roosevelt, NYU Press, 1993, 425 p.; T. A. Upchurch, Historical Dictionary of the Gilded Age, Scarecrow Press, 2009, 320 p.; concernant les deux ères qui se succèdent, B. Campbell, « Comparative Perspectives on the Gilded Age and Progressive Era », The Journal of the Gilded Age and Progressive Era, vol. 1, no 2, (Apr., 2002), p. 154-178; pour les ouvrages français on peut citer J. Portes, Histoire des États-Unis, De 1776 à nos jours, Armand Colin, 2013, 424 p.; v. le Chapitre 4 - L’âge doré entre deux ères (1877-1898), p. 99-129.

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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 13:05

article paru à l'AJFP en mars 2025

Premières lignes

 

Sous la plume de celle que l’on surnomme communément la « reine du crime », la fonction publique revêt de multiples visages. Sans surprise, le policier est une figure centrale des intrigues criminelles imaginées par Agatha Christie. Si nombre de ces personnages y sont notoirement incompétents, ce qui justifie l’entrée en scène des héros fétiches de la romancière, certains membres des forces de l’ordre apparaissent sous un jour plus étonnant. Une autre figure fait parfois son apparition, de manière plus limitée, celle du fonctionnaire rattaché aux Affaires étrangères, qui laisse place à des descriptions tout aussi critiques que cyniques. Enfin, le fonctionnaire peut changer totalement de visage avec une troisième incarnation, celle de l’archéologue, qui nous fait, cette fois, entrer dans l’intimité de l’autrice

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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 12:51

Le verre de l'amitié

Alcool et droit dans la série Amicalement vôtre

Mare et Martin 2025

 

« Une gorgée de rhum blanc, ajoutez un peu de citron, du vermouth frais non glacé et une petite dose de grenadine. Agitez longuement. Ajoutez la glace pilée. J’insiste. Agitez et servez dans une coupe. Et mettez une olive ».

Cette recette de cocktail, le créole crème, est donnée par Lord Brett Sinclair dans le premier épisode d’Amicalement vôtre. Dans cette série, Roger Moore incarne un aristocrate britannique et Tony Curtis joue le rôle d’un homme d’affaires américain, Danny Wilde.

À côté d’une dimension juridique, les intrigues sont l’occasion de revenir sur la place de l’alcool dans une société donnée, à un moment de son histoire. La mise en images du droit de l’alcool invite le spectateur à étudier les réglementations en la matière, la marque ou l’appellation. La richesse des scénarios apparaît aussi dans leur arrière-plan symbolique, l’alcool constituant un prisme inattendu pour analyser l’identité et les relations contractuelles.

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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 12:48

 

Biographie parue chez Ellipses en août 2024

 

Hitchcock

Né en 1899 et mort en 1980, Alfred Hitchcock est connu pour avoir réalisé plus d’une cinquantaine de films. Il demeure dans l’imaginaire collectif pour certaines scènes qui ont marqué le public : un meurtre sous une douche, un homme qui s’enfuit au milieu des champs poursuivi par un avion, deux individus qui se battent au sommet de la Statue de la Liberté ou un couple qui essaie d’échapper à des tueurs au milieu des têtes monumentales de présidents des États-Unis. Dans les années 1950, il s’est même transformé en animateur d’émission à la télévision pour le plus grand plaisir des amateurs de frissons… Pourtant, mis à part quelques rares anecdotes, racontées à de multiples reprises, le public ne connaît que peu de choses sur la vie privée de ce personnage apparemment familier.

Le présent ouvrage remet en perspective l’œuvre pour comprendre l’individu car, bien loin d’être un artiste solitaire, Hitch, comme il aimait se faire appeler, était aussi entouré et accompagné. Retracer sa carrière signifie multiplier les rencontres avec des scénaristes, des producteurs et des acteurs et actrices célèbres. Une rencontre demeure primordiale à l’issue de cette relecture : le réalisateur a à ses côtés une muse, une collaboratrice précieuse, une critique également, son épouse, Alma.

Minutieux jusqu’à la folie, passionné jusqu’à l’excès, Hitchcock a laissé un héritage fascinant, qui, malgré une part sombre, demeure incontournable : en transmettant certains symboles, l’innocent injustement condamné, la blonde hitchcockienne, jusqu’au mot de suspense que l’on complète désormais par l’adjectif hitchcockien, ce réalisateur hors norme a su transformer ses plus grandes obsessions en autant de créations.

 

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