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  • : Le blog de arnaud.coutant.over-blog.com
  • : Ce blog présente les articles et ouvrages d'un enseignant-chercheur en Droit public. Il fournit également des références bibliographiques concernant différents domaines juridiques.
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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 13:08

article paru dans Âge d'or et décadence, sous la direction du Professeur Franck Laffaille, Mare et Martin, 2025

 

premières lignes

 

L’âge d’or désigne un mythe qui nous renvoie aux anciennes traditions grecques et romaines. Dans l’évolution de l’humanité, les mythologies antiques évoquent un âge d’argent, un âge d’airain et un âge de fer, auxquels on ajoute l’âge d’or, censé apparaître juste après la création de l’homme. Cette dimension mythique est largement illustrée par la définition de cette époque[1], un temps où règne la justice, synonyme d’une époque d’abondance et de bonheur et d’une période d’innocence. Les hommes sont censés vivre presque éternellement et mourir sans souffrance.

Comme souvent, les mythes antiques ont nourri l’imaginaire des siècles suivants. Cet âge d’or est devenu synonyme d’un passé prospère et mythique, une époque révolue dont on se souvient avec d’autant plus de nostalgie qu’il est impossible de la faire revivre.

En 1873, deux écrivains américains, Mark Twain[2] et Charles Dudley Warner travaillent ensemble pour rédiger un roman intitulé the Gilded Age : a Tale of Today[3]. Son intrigue se déroule dans l’époque contemporaine, c’est-à-dire l’Amérique du milieu des années 1870. Le terme Gilded Age[4] est resté pour désigner cette période qui se caractérise par une prospérité économique majeure, un développement industriel sans précédent et une profonde transformation des États-Unis avec, non seulement la naissance de grands groupes industriels, mais aussi et surtout des modifications majeures de l’organisation territoriale.

Et pourtant… Quand on revient aux termes utilisés dans cet intitulé, on ne peut que se demander si la dimension mythique n’a pas été étonnamment décalée. De fait, le livre s’intitule the Gilded Age et non the Golden Age. Autrement dit, le roman fait référence non pas à un âge d’or mais à un âge doré, au sens d’un placage en or sur un métal sans valeur…

Dans ces conditions, l’âge doré décrit par Mark Twain change totalement de tonalité. Derrière la prospérité apparente, les États-Unis sont en réalité au cœur d’une époque dramatique, assez triste et plutôt sombre, selon les auteurs. Les apparences sont trompeuses. La réalité est faite de corruption, de pauvreté, d’illusion, ce que le roman décrit avec précision.

Pour un juriste, ce jeu avec les mots attire immédiatement l’attention. Car, et c’est un fait reconnu, cette période, qui s’étend entre la guerre civile et le début du XXe siècle, est bel et bien considérée comme un moment de très grande prospérité, moment essentiel pour le développement des États-Unis modernes.

À cet égard, il est très instructif de revenir sur l’apparence – la prospérité économique et l’évolution sociale et politique – pour mieux en comprendre les hypocrisies et les contradictions. Pour cela, l’utilisation du prisme juridique est singulièrement pertinente. De fait, si, en apparence, nous avons affaire à un âge d’or en matière économique et industrielle (I), c’est une tout autre réalité sociale et politique qui apparaît, lorsqu’on s’intéresse aux conséquences de cette expansion économique sans contrôle (II).

 

[1] On fait référence à Hésiode comme étant le promoteur de cette expression ; G. Minois, L'Âge d'or : Histoire de la poursuite du bonheur, Fayard, 2009, 552 p.

[2] E. Emerson, Mark Twain, A Literary Life, University of Pennsylvania Press, 2017, 416 p., R. Powers, Mark Twain: A Life, Free Press, 2006, 736 p.

[3] M. Twain: The Gilded Age and Later Novels : The Gilded Age / The American Claimant / Tom Sawyer Abroad / Tom Sawyer, Detective / no 44, The Mysterious Stranger, Library of America, 2002, 1053 p.

[4] Ch. W. Calhoun, The Gilded Age: Perspectives on the Origins of Modern America, Rowman & Littlefield, 2007, 391 p.; S. D. Cashman, America in the Gilded Age: From the Death of Lincoln to the Rise of Theodore Roosevelt, NYU Press, 1993, 425 p.; T. A. Upchurch, Historical Dictionary of the Gilded Age, Scarecrow Press, 2009, 320 p.; concernant les deux ères qui se succèdent, B. Campbell, « Comparative Perspectives on the Gilded Age and Progressive Era », The Journal of the Gilded Age and Progressive Era, vol. 1, no 2, (Apr., 2002), p. 154-178; pour les ouvrages français on peut citer J. Portes, Histoire des États-Unis, De 1776 à nos jours, Armand Colin, 2013, 424 p.; v. le Chapitre 4 - L’âge doré entre deux ères (1877-1898), p. 99-129.

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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 13:05

article paru à l'AJFP en mars 2025

Premières lignes

 

Sous la plume de celle que l’on surnomme communément la « reine du crime », la fonction publique revêt de multiples visages. Sans surprise, le policier est une figure centrale des intrigues criminelles imaginées par Agatha Christie. Si nombre de ces personnages y sont notoirement incompétents, ce qui justifie l’entrée en scène des héros fétiches de la romancière, certains membres des forces de l’ordre apparaissent sous un jour plus étonnant. Une autre figure fait parfois son apparition, de manière plus limitée, celle du fonctionnaire rattaché aux Affaires étrangères, qui laisse place à des descriptions tout aussi critiques que cyniques. Enfin, le fonctionnaire peut changer totalement de visage avec une troisième incarnation, celle de l’archéologue, qui nous fait, cette fois, entrer dans l’intimité de l’autrice

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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 12:51

Le verre de l'amitié

Alcool et droit dans la série Amicalement vôtre

Mare et Martin 2025

 

« Une gorgée de rhum blanc, ajoutez un peu de citron, du vermouth frais non glacé et une petite dose de grenadine. Agitez longuement. Ajoutez la glace pilée. J’insiste. Agitez et servez dans une coupe. Et mettez une olive ».

Cette recette de cocktail, le créole crème, est donnée par Lord Brett Sinclair dans le premier épisode d’Amicalement vôtre. Dans cette série, Roger Moore incarne un aristocrate britannique et Tony Curtis joue le rôle d’un homme d’affaires américain, Danny Wilde.

À côté d’une dimension juridique, les intrigues sont l’occasion de revenir sur la place de l’alcool dans une société donnée, à un moment de son histoire. La mise en images du droit de l’alcool invite le spectateur à étudier les réglementations en la matière, la marque ou l’appellation. La richesse des scénarios apparaît aussi dans leur arrière-plan symbolique, l’alcool constituant un prisme inattendu pour analyser l’identité et les relations contractuelles.

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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 12:48

 

Biographie parue chez Ellipses en août 2024

 

Hitchcock

Né en 1899 et mort en 1980, Alfred Hitchcock est connu pour avoir réalisé plus d’une cinquantaine de films. Il demeure dans l’imaginaire collectif pour certaines scènes qui ont marqué le public : un meurtre sous une douche, un homme qui s’enfuit au milieu des champs poursuivi par un avion, deux individus qui se battent au sommet de la Statue de la Liberté ou un couple qui essaie d’échapper à des tueurs au milieu des têtes monumentales de présidents des États-Unis. Dans les années 1950, il s’est même transformé en animateur d’émission à la télévision pour le plus grand plaisir des amateurs de frissons… Pourtant, mis à part quelques rares anecdotes, racontées à de multiples reprises, le public ne connaît que peu de choses sur la vie privée de ce personnage apparemment familier.

Le présent ouvrage remet en perspective l’œuvre pour comprendre l’individu car, bien loin d’être un artiste solitaire, Hitch, comme il aimait se faire appeler, était aussi entouré et accompagné. Retracer sa carrière signifie multiplier les rencontres avec des scénaristes, des producteurs et des acteurs et actrices célèbres. Une rencontre demeure primordiale à l’issue de cette relecture : le réalisateur a à ses côtés une muse, une collaboratrice précieuse, une critique également, son épouse, Alma.

Minutieux jusqu’à la folie, passionné jusqu’à l’excès, Hitchcock a laissé un héritage fascinant, qui, malgré une part sombre, demeure incontournable : en transmettant certains symboles, l’innocent injustement condamné, la blonde hitchcockienne, jusqu’au mot de suspense que l’on complète désormais par l’adjectif hitchcockien, ce réalisateur hors norme a su transformer ses plus grandes obsessions en autant de créations.

 

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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 12:44

Biographie parue chez Ellipses en juin 2023

Agatha Christie

Née en 1890 et morte en 1976, Agatha Christie laisse derrière elle soixante-quatorze romans, seize pièces de théâtre et vingt-huit recueils de nouvelles. Elle est l’une des reines incontestées du roman policier, en ayant donné naissance à des détectives aussi emblématiques qu’Hercule Poirot ou Miss Jane Marple. Son succès mondial a été confirmé par de multiples adaptations, qu’elles soient cinématographiques ou télévisuelles. Pourtant, malgré cette notoriété, la romancière elle-même demeure dans l’ombre, dissimulée derrière ses personnages et ses intrigues.

En parcourant sa vie, la présente biographie a pour dessein de faire découvrir cette femme incroyablement moderne par certains côtés, fascinée par les voyages, multipliant les expériences pour mieux nourrir son imaginaire. Car Agatha Christie est aussi Agatha Mallowan, l’épouse d’un archéologue réputé qu’elle a suivi sur des chantiers de fouilles dans les années 1930 et 1950. Accompagner la romancière dans ses voyages tout comme dans son intimité permet de comprendre tout ce qu’elle a mis d’elle-même dans ses écrits, dans le portrait d’un protagoniste ou dans la description d’un lieu.

À l’issue de cette relecture, ses romans et ses nouvelles apparaissent comme un miroir de son existence, une manière de nous livrer un peu d’elle-même. Son regard sur le monde, amusant, cruel, cynique, ou ironique, conserve toujours une forme de bienveillance, de douceur, qui explique notre attachement à ses créations, du petit détective belge maniéré et obsessionnel à la vieille dame si perspicace lorsqu’il s’agit de comprendre les comportements de ses contemporains.

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13 mai 2024 1 13 /05 /mai /2024 05:02

début d'un article paru en décembre 2023 dans la revue Jus Vini...

Prohibition. Le mot résonne dans l’imaginaire. Il nous renvoie à une époque précise de l’histoire américaine, les années 1920, à une politique menée pour des raisons sanitaires, religieuses et sociales et à un échec retentissant, y compris en matière criminelle, symbolisé par des figures de la pègre, en particulier à Chicago. Cette approche très partielle néglige l’existence d’un vaste mouvement qui, au cours du XIXe siècle, a conduit à la transformation juridique en cause. Connu sous le nom de tempérance, ce mouvement a des origines diverses. Porté par des médecins et des représentants religieux, il amène la création d’associations pour parvenir à une interdiction de la production, du commerce et du transport des boissons alcoolisées. Toute la contradiction réside dans ces derniers termes : en effet, alors que le mot de tempérance pouvait être interprété comme visant à diminuer la consommation d’alcool, les sociétés de tempérance américaines poursuivent un but principal, l’interdiction totale de l’alcool, quelles que soient les boissons concernées.

La France semble bien éloignée de ces considérations. La législation française n’a pas connu de tentative prohibitionniste de cette ampleur. Le pays est beaucoup plus connu pour son rôle de fournisseur d’alcool au marché clandestin américain que pour un débat sur l’interdiction de l’alcool sur son territoire. La surprise est donc de taille lorsqu’on constate qu’une société française de tempérance a bel et bien existé entre 1872 et 1905...

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20 mai 2023 6 20 /05 /mai /2023 04:46

John Henry Wigmore

Un juriste d'exception

Auteur : Arnaud Coutant

John Henry Wigmore nait en 1863 et disparaît en 1943. Élève d’Harvard, il quitte les États-Unis tout juste diplômé pour gagner le Japon où il va enseigner pendant trois ans. Cette expérience le conduit à se passionner pour le droit comparé. À son retour, il est recruté par la faculté de droit de Northwestern (Chicago) et en devient le doyen en 1901.
Cette biographie présente les différentes étapes de la vie de ce professeur spécialiste de la preuve. Certains de ses travaux sont marqués par le contexte. Membre des bureaux du juge avocat général, pendant la Première Guerre mondiale, il travaille ainsi à une réforme du code des cours martiales. D’autres montrent son action centrale dans plusieurs mouvements juridiques d’ampleur : criminologie, droit aérien, analyses historiques et politiques.

 

 

376 pages
Parution : 23 févr. 2023
 
 
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20 mai 2023 6 20 /05 /mai /2023 04:45

Thomas Paine et la Crise Américaine

Auteur : Arnaud Coutant

Le 23 décembre 1776, paraît dans le Pennsylvania Journal la première des treize lettres qui, réunies, constituent l’ouvrage intitulé La Crise américaine. Thomas Paine analyse les difficultés rencontrées par l’armée continentale des jeunes États-Unis en pleine guerre d’indépendance.
Le présent livre propose une étude de ces documents, en reprenant le contexte de rédaction et la vie de Paine. En filigrane, La Crise américaine est aussi le récit d’une désillusion. Convaincu de la justesse de sa cause, Paine découvre peu à peu les réalités politiciennes. Son expérience personnelle le confronte à un monde politique marqué par des ambitions personnelles, de profondes divisions et des questions juridiques majeures. Avec la treizième lettre, il ne fait pas que terminer son analyse de la révolution américaine. Il abandonne ses propres rêves. Il quittera rapidement les États-Unis pour gagner la France, elle même en proie à sa propre Révolution.

 

494 pages
Parution : 8 sept. 2022
 
 
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20 mai 2023 6 20 /05 /mai /2023 04:43

Edgar P. Jacobs et les dess(e)ins du droit

La justice éclairée par Blake et Mortimer

Auteur : Arnaud Coutant

24 décembre 1952.

Dans un laboratoire secret, situé dans les sous-sols de Londres, une ultime confrontation oppose un savant mégalomane, Septimus, et les deux héros créés par Edgar P. Jacobs, le capitaine Blake et le professeur Mortimer. Contre toute attente, c’est celui qui servait d’assistant au scientifique, Olrik, qui se retourne contre son maître et le tue.

Avec ce dénouement, le dessinateur termine l’une de ses œuvres les plus connues, La Marque jaune. Pendant près d’un an et demi, les lecteurs du journal Tintin ont pu suivre chaque semaine Blake et Mortimer à la poursuite d’un mystérieux criminel dans la capitale britannique.

En étudiant les huit albums initiaux, conçus en quatre décennies, le présent ouvrage a pour but de montrer que, derrière un divertissement destiné apparemment aux enfants, Jacobs transmet sa conception du droit et de la justice.

La reprise de la série depuis 1996 offre également l’occasion de poursuivre cette relecture en confrontant les nouvelles histoires à l’héritage laissé par l’auteur.

 

282 pages
Parution : 16 juin 2022

 

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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 08:57

Début de la contribution publiée dans La Violence, sous la direction de F. Laffaille

 

 

L’année 1971 marque le début des aventures de l’inspecteur Harry Callahan. Un premier film, L’Inspecteur Harry (Dirty Harry en version originale), sort sur les écrans. Le scénario peut sembler convenu – les forces de police sont à la poursuite d’un tueur en série, Scorpio – le traitement réservé au personnage principal l’est beaucoup moins. L’inspecteur Harry comme le titre original l’indique a une personnalité singulière. C’est un homme violent, qui use et abuse de la force. Il est chargé des affaires les plus détestables, n’hésitant pas à violer les droits des criminels au besoin. Au cours du film, Harry multiplie les entorses au règlement, les comportements excessifs et les propos décalés, incorrects. Parvenant à arrêter le tueur, il le torture pour obtenir des aveux concernant une jeune femme qui a été enlevée. C’est ce qui détermine la suite du film, c’est-à-dire la libération de Scorpio en raison de la violation de ses droits et une récidive. Cette fois, Harry se retrouve face au tueur et l’abat, avant de jeter son insigne.

Ce premier film a fait l’objet de multiples critiques, visant en particulier les aspects excessifs du personnage, le comportement ultra violent à la limite du fascisme et la mise en avant d’un policier justicier qui se croit au-dessus des lois et des règles.

Le film est un succès, ce qui va conduire à quatre suites. À chaque fois, le héros du film est Harry Callahan, figure centrale d’une enquête policière mais aussi symbole.

Les cinq films ont un certain nombre de points communs. On retrouve ainsi une violence systématique de la part du policier, une interrogation fréquente sur l’échec des institutions traditionnelles et sur les limites du droit, un humour parfois décalé porté par l’acteur principal, Clint Eastwood.

Pourtant, en examinant plus précisément les scénarii, on constate une différence entre le deuxième film de la série, Magnum force, et les quatre autres.

 

 

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