« La campagne électorale de Joe Biden dans Animal Crossing », in le Contentieux du jeu vidéo, sous la direction de Geoffray Brunaux, Mare et Martin, 2021, p. 133-150.
À la fin du mois d’octobre dernier, les amateurs de jeu vidéo découvrent l’improbable Unpresidential. Lancé par la firme Bright, ce jeu de combat propose d’incarner Donald Trump ou Joe Biden dans un match de boxe qui se déroule dans les jardins de la Maison-Blanche. Assumant un côté satirique, cet ovni joue sur les slogans de campagne, les oppositions évidentes et les caricatures[1]. La politique peut-elle servir de fondement à un jeu vidéo ? La question renvoie à une dimension technologique qui incite à s’interroger sur le contenu des jeux vidéo et sur les aventures offertes à leurs amateurs. Mais nous sommes loin d’avoir épuisé le sujet du rapprochement entre politique et jeu vidéo.
Le 2 septembre 2020, la campagne de Joe Biden pour la présidence des États-Unis prend un tournant inattendu en faisant du jeu vidéo Animal Crossing/New Horizons un outil de communication. Il s’agit ni plus ni moins d’intégrer dans le jeu lui-même des références à la réalité, plus particulièrement ici des slogans du candidat démocrate et même une description de son programme.
Sommes-nous dans l’anecdote ? La réalité est toute autre comme le démontre une analyse plus générale de l’utilisation des nouvelles technologies et des nouvelles pratiques en matière politique. Les États-Unis se trouvent en première ligne en raison de leur recours au jeu vidéo dans le cadre des campagnes présidentielles en particulier. Derrière ce nouveau moyen, se trouvent tout à la fois des questions politiques et juridiques. En effet, politiquement, cette pratique récente incite à approfondir le rapport entre la communication politique et le jeu vidéo comme outil (I). Juridiquement, la thématique change de visage puisqu’on constate une difficulté réelle à s’emparer de ces nouveaux moyens pour les sécuriser et les encadrer en assurant ainsi leur bonne intégration dans le monde politique moderne (II).